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Rabat de Lyautey à Mohammed VI
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Dates-clés de l’histoire contemporaine du Maroc – 1971 – coup d’état du palais de Skhirat
Mars 1971
Le général MEDBOUH, chef de la maison militaire du roi, de retour d’un séjour aux Etats-Unis, met en garde le roi contre une grave affaire de corruption que les autorités américaines lui auraient dévoilée, liée à un projet d’investissement immobilier par la Pan American Airways.
Ces révélations entraînent l’annulation de la visite que Hassan II devait faire à Washington.
On a prétendu, plus tard, que cet événement, qui s’avérera être les suites d’une large corruption d’État, aurait fondé la prise de décision de putsch du Général Medbouh, ce dernier estimant insuffisantes les mesures prises par le roi Hassan II pour mettre fin à cette corruption.
23 avril 1971
Le roi Hassan II procède en urgence à un remaniement ministériel important : quatre ministres sont démis de leur fonction de même que plusieurs hauts fonctionnaires à la suite de la rumeur d’arrestation de l’homme d’affaires Omar Ben Messaoud aux relations haut placées.
17 mai 1971
Ouverture à Marrakech du procès de 191 personnes inculpées pour atteinte à la sûreté de l’État. 161 inculpés sont présents et 30 sont absents et en fuite à l’étranger, dont Mohamed Basri, ancien leader de l’opposition, déjà condamné à mort lors du procès de 1963 et grâcié en 1965.
10 juillet 1971
Le roi Hassan II donne une grande réception, à l’occasion de son 42ème anniversaire, au palais de Skhirat où sont conviées plus de 1000 personnes dont de nombreuses personnalités étrangères.
1200 cadets de l’Ecole militaire d’Ahermoumou (une des quatre écoles militaires marocaines) située près de Fès, partis tôt le matin dans 25 camions avec 8 tonnes d’armes et de munitions, dirigés par le colonel M’hamed Ababou, chef de l’école militaire d’Ahermoumou, lui-même secondé par son propre frère le lieutenant-colonel Mohamed Ababou, font irruption dans l’enceinte du palais et donnent l’assaut, au cours de la réception, vers 13h45.
Une fusillade éclate immédiatement, et les mutins s’en prennent aux invités, notamment les militaires gradés, en les mitraillant et en lançant des grenades parmi les invités pour empêcher toute tentative de fuite. Il s’agit d’une tentative de putsch longuement préparée et dirigée par le général MEDBOUH, directeur du cabinet militaire du Roi et commandant la garde Royale Marocaine, avec la complicité présumée de très hauts gradés. Initialement prévu le 14 mai 1971, lors de manoeuvres militaires à El Hajeb (près de Fès), ce projet de renversement de la monarchie a été finalement reporté au 10 juillet, lors de la réception organisée pour l’anniversaire du roi.
Le roi échappe aux cadets mutins et se réfugie pendant plus de deux heures dans un exigu local près du bâtiment officiel, en compagnie de proches membres du gouvernement, parmi lesquels le général Oufkir. Deux vedettes qui croisent au large semblent vouloir empêcher toute fuite des participants par la mer. Selon les informations qui ont pu être recueillies par la suite (et notamment selon les dires du roi Hassan II lui-même), le général Medbouh aurait assez rapidement localisé le roi et tenté de parlementer avec lui pour le forcer à abdiquer, en tenant Ababou dans l’ignorance de ces entretiens. Le roi Hassan II aurait fermement refusé de se soumettre.
Il semble que les mutins aient eu ensuite une dissension dans leurs rangs sur la conduite à tenir. En fin d’après-midi, alors que les tirs semblent diminuer, Medbouh est abattu dans des circonstances mystérieuses, peut-être par M’hamed Ababou lui-même, à la suite d’un différend entre les deux insurgés sur le sort à réserver au roi.
Ababou et l’essentiel des jeunes cadets filent alors précipitamment vers Rabat, persuadés que Medbouh a volontairement laissé le roi s’enfuir en hélicoptère vers Rabat. Le roi et les convives sont découverts par les quelques cadets encore présents et sont extraits de leur local mains en l’air. Un de ces cadets reconnaît alors le roi Hassan II. Ce dernier lui demande de lui baiser la main, de s’agenouiller et ils récitent ensemble la Fatiha (1er verset du Coran). Dès lors, tous les autres cadets baissent leurs armes et Hassan II reprend la situation en mains en investissant immédiatement le général OUFKIR des pleins pouvoirs militaires.
Entretemps, l’état major des F.A.R et l’immeuble de la Radio-Télévision ainsi que le Ministère de l’intérieur sont pris d’assaut par les troupes rebelles menées notamment par l’adjudant-chef Harrouch Akka, bras droit du colonel Ababou.
A 16 h 45, un premier message est diffusé sur les ondes de la RTM, dont les locaux sont situés rue Brihi, au nom d’un comité de la révolution, qui annonce la fin du régime. Les rues de Rabat sont désertées par la population civile. Ababou réunit les officiers comploteurs à l’Etat Major, parmi lesquels certains généraux commandants de régions militaires.
Dès le début de soirée, les troupes loyalistes dont la Brigade légère de sécurité, commandée par le colonel Assari, investissent le quartier des ministères du Touarga. Au cours de la nuit, les troupes gouvernementales sous les ordres d’Oufkir reprennent un par un les bâtiments occupés et désarment les insurgés.
Les unités spéciales sous les ordres du général Bachir Bouhali, commandant des FAR, reprennent l’état-major. M’hamed Ababou est très rapidement tué lors de ces affrontements, mais le général Bachir Bouhali y perd la vie abattu par le rebelle, l’adjudant-chef Akka, d’une rafale d’arme automatique.
Bilan de cette journée : environ 150 morts dont 60 invités et plusieurs centaines de blessés, mais le bilan réel des victimes n’a jamais été officialisé.
13 juillet 1971
Le roi annonce officiellement l’échec du putsch.
A 11h15, sur le champ de tir d’El-Menzel dix officiers, dont quatre généraux (les chefs de régions militaires qui auraient été complices) sont fusillés. Il s’agit des généraux Hamou, Bougrine, Habibi, Moustapha, des colonels Chelouati, Feneri, Lakbir Belabsir, Ammi, Abou Sari et du commandant Manouzi. Après ces tragiques événements, l’armée marocaine est décimée : elle perd neuf généraux sur quatorze.
Hassan II prend une série de mesures destinées à renforcer l’ordre et la sécurité dans le pays : il procéde à diverses nominations et place le port de Casablanca sous le contrôle direct de l’armée.